Vous avez dit « diversité » ?

« Cépages suisses – histoire et origines » de José Vouillamoz est actuellement mon livre de chevet (voir article précédent). La lecture est diablement instructive et comme le scientifique spécialiste de l’ADN des cépages fait passer différents messages, cette lecture incite à la réflexion. On partage ou pas, mais n’est-ce pas du débat que naissent les grandes idées.

Quelques chiffres tirés de l’Introduction de l’ouvrage pour aujourd’hui. «En Suisse, on cultive au moins 252 cépages, 168 sont admis dans les appellations d’origine contrôlée (AOC), allant de 12 à 85 cépages selon les cantons. C’est une diversité énorme, et peut-être même un record du monde. On peut toutefois se demander s’il faut s’en enorgueillir ou s’en alarmer. En effet, la diversité ne fait pas l’identité, ce qui explique l’expression provocatrice disant que « le vins suisse n’existe pas »!»

Le débat est relancé, car il n’est pas nouveau. Cette fameuse diversité, c’est même l’un des chevaux de bataille de l’Interprofession des vins du Valais, « puissant » argument marketing toujours mis en avant. Récemment encore, le communiqué de presse présentant les Caves ouvertes du printemps, mentionne dans la bouche du directeur de l’IVV : « La force des vins du Valais réside dans leur diversité. »

Et cette diversité, l’Interprofession ne cesse de l’augmenter. L’an dernier, à l’occasion du fameux débat concernant la révision de l’Ordonnance sur la vigne et le vin, l’IVV avait réclamé une douzaine d’ajouts à la liste des cépages donnant droit à l’AOC. Finalement, elle avait obtenu l’inscription de cinq cépages et de deux « améliorateurs » utilisables comme teinturiers jusqu’à hauteur de 5%. L’un des deux était le trop fameux dunkelfelder (la variété préférée des drosophiles suzukii lorsque les petits fruits sont épuisés !).

Vendre la diversité, n’est-ce pas là la raison majeure de l’inconsistance absolue de la promotion des vins du Valais. Personne n’est vraiment capable d’expliquer ce que l’on promeut, parce qu’on voudrait tout mettre en avant, au gré du vent, des ventes et des stocks. Et oui, la diversité comme argument de vente, c’est le cauchemar garanti du publicitaire… et c’est ce qui explique l’inanité de la promotion de nos vins…

 

About Paul Vetter

Journaliste professionnel, Paul Vetter a longtemps travaillé comme spécialiste vin et viticulture pour des médias valaisans. Ayant décidé de se consacrer à d'autres activités, il continue à suivre attentivement les vins du Valais et la politique vitivinicole menée dans le canton. Il vous rend en compte en toute liberté.
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