Récolte 2012: quelques chiffres

La récolte valaisanne 2012 se situera aux alentours de 38 millions de litres. Même si le chiffre n’est pas officiel, il a été confirmé mercredi par l’IVV.

Avec 38 millions de litres, on se situera plus de 5 millions de litres en-dessous de la récolte précédente (43,3 mio/lt en 2011). Il s’agira aussi de la plus petite récolte depuis 2005 où l’on n’avait encavé que 37,7 mio/lt. Et on se trouvera aussi considérablement plus bas que la moyenne décennale 2002-2011 placée à 41 mio/lt.

Selon nos sondages téléphoniques, ce sont surtout les rouges, les pinots en particulier, qui ont subi une baisse conséquente. Certains parlent d’une baisse de 20% par rapport à l’an dernier. Les blancs auraient bien mieux résisté.

Cette petite récolte doit semble-t-il très peu à la baisse des quotas décidée par l’IVV.  Gel d’hiver, gel de printemps, maladies cryptogamiques et un peu de pourriture qu’il a fallu trier à la vendange : voilà les causes principales de cet récolte plutôt chiche.

Des vendanges 2012 bien en-dessous de la moyenne, en quantité bien sûr.

 

Vu la situation des marchés, on devrait se réjouir de cette récolte plutôt chiche. Moins d’offre devrait rimer avec raffermissement des prix. Mais il y a un certain temps que je doute de la rigueur de ce mécanisme affecté par bien d’autres critères.

C’est dire que les vignerons n’auront pas grands motifs d’espérer. Pour eux, moins de raisins, c’est à coup sûr moins de rentrées d’argent. On sait déjà que beaucoup d’acteurs, et pas des moindres, ne respecteront pas les prix indicatifs de la vendanges annoncés comme un événement historique cet été. Pour eux, l’équation risque bien d’être « Peu de kilos X Petits prix = Salaire riquiqui » . Et comme ils refusent les aides supplémentaires pour l’entretien de leur vignoble que leur propose l’Etat (si l’on en croit le Président de l’IVV), préférant miser sur un accroissement de la promotion, ils resteront les parents pauvres d’un secteur en difficulté. Et notre vignoble continuera de se dégrader et de rétrécir comme peau de chagrin. D’ailleurs, ne vient-il pas de passer sous la barre symbolique des 5000 hectares ?

Malgré tout, pour terminer sur une note plus positive, je me réjouis de goûter ce millésime 2012. Tout ce que j’ai pu goûter à ce jour me permet d’être très optimiste. Il y aura de grandes et belles choses, je vous le promets.

 

About Paul Vetter

Paul Vetter, journaliste spécialisé dans le domaine vitivinicole pour la chaîne de télévision valaisanne Canal9. Ce blog n'engage cependant pas la chaîne.

6 Responses to “Récolte 2012: quelques chiffres”

  1. cqfd | 8 décembre 2012 at 0 h 07 min #

    Equation :

    Promotion : Activité dont le but est d’inciter les consommateurs à consommer les produits ou les services d’une entreprise x vin vendu = chiffre d’affaire potentiellement en hausse

    Chiffre d’affaire plus haut = salaire moins riquiqui pour le vigneron
    Salaire moins riquiqui = JE FINANCE L’ENTRETIEN DE MON VIGNOBLE TOUT EN DEGAGEANT UN BENEFICE.

    ou :

    Financement de murs en pierre sèche et installations d’arrosage par l’état = Bureaux d’études + Bureaux d’ingénieur + génie civile
    = Des murs tout neufs x salaire toujours riquiqui = AUCUN BENEFICE

  2. CQQFD | 8 décembre 2012 at 11 h 20 min #

    Si l’équation « Plus d’affiches = Plus de ventes » était vérifiée, ça se saurait.

    Ce qui l’est par contre, c’est que le vignoble vieillit, se délite, par manque d’entretien. Et la double équation « Pas de vigne = Pas de raisin » = « Pas de gros sous » est, elle, incontestable.

    Pour rester dans la mathématique, notons encore que la proportionnalité n’est pas toujours de mise.
    Plus de Chiffre d’affaires = Salaire moins riquiqui pour le vigneron ne se vérifie pas toujours. Si l’on en croit les rumeurs, les prix indicatifs ne seront que rarement payés pour 2012. Il n’y a donc pas que les murs en pierres sèches qui s’écroulent.

    Et finalement, pour le citoyen qui passe à la caisse par le biais de ses impôts, un beau mur fait de belles pierres, ce sera toujours mieux qu’un mur de béton, couvert d’affiches.

  3. Paul Vetter | 8 décembre 2012 at 20 h 56 min #

    Je pense qu’il faut de la promotion. Mais c’est plutôt à la profession de trouver ces moyens. Par contre, une aide de l’Etat qui s’applique à ce qui peut aussi servir à d’autres secteurs, au tourisme notamment, ça me semble cohérent. Le magnifique ouvrage « Murs de pierres, murs de vignes » publié par le MVVV donne bien des arguments en ce sens.
    Quant aux équations ci-dessus, il me semble qu’elles ne sont pas les mêmes si l’on est vigneron ou vigneron-encaveur. Plus facile pour ce dernier de participer au chiffre d’affaires.

    • Frédéric Dumoulin | 10 décembre 2012 at 10 h 07 min #

      Bonne remarque, Paul! Mais n’oublie pas non plus que le vigneron-encaveur, s’il veut participer au chiffre d’affaires, a dû lui aussi investir lourdement dans le matériel, les vignes, le réencépagement, sans aide de l’état, pour pouvoir se bagarrer avec le maximum d’atouts contre la concurrence, étrangère notamment, et si participation au chiffre d’affaires il y a, elle est acquise de haute lutte. Le vigneron qui a le même état d’esprit a lui aussi réencépagé et signé des contrats de livraison à des conditions intéressantes auprès d’encaveurs qui sont contents de traiter avec eux. La phrase « vous c’est facile, vous vendez tout! » me fait bondir. En période difficile, soit on s’assied et on pleure, soit on agit.
      Amitiés. Fred

      • Paul Vetter | 11 décembre 2012 at 21 h 24 min #

        Loin de moi l’idée d’opposer vigneron-encaveur et vigneron. Loin de moi l’idée que la vie est facile pour les uns et difficile pour les autres. En période difficile, tout le monde souffre, négociants, vignerons-encaveurs, vignerons. Mais ceux qui ont moins de moyens d’agir souffrent un peu plus que les autres. Peut-être en partie par leur faute. C’est bien possible. Mais ce n’est pas une raison pour les laisser tomber. La vitiviniculture valaisanne en souffrirait à coup sûr.

  4. Darbellay | 19 décembre 2012 at 11 h 05 min #

    Les prix indicatifs décides à l’unanimité par l’IVV et publiés à grand renfort de publicité cet été n’étaient qu’un grand mensonge destiné à faire passer la pilule amère de la réduction brutale (pour le producteur) des quotas.
    Ceux dont la mission est de valoriser et de vendre feraient mieux de faire leur boulot que monter des stratagèmes pour « entourlouper » les producteurs sans quoi l’équation de Paul Vetter  » peu de kilos x petits prix = salaires riquiquis » sonnera comme une épitaphe sur la tombe de la Vitiviniculture valaisanne murée de pierres sèches ou de béton !

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